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À Cabourg, un plan de ville en éventail


CABOURG. Le plan de la ville, en éventail (et non en araignée comme il est coutume aujourd’hui de le qualifier), en hémicycle ou théâtre antique, est unique au monde. Une particularité qui remonte au milieu du XIXe siècle lorsque les investisseurs ont eu pour projet la construction de la station balnéaire. Adolphe Dennery (1811-1899), auteur célèbre et richissime, surnommé le roi du mélo, devient maire de Cabourg en 1855 sur l’ordre de Morny, peut-être même de Napoléon II dont il est un familier. En réalité, Dennery ne viendra que l’été à Cabourg. C’est Eugène Pessonaux, son fondé de pouvoir, qui sera le gestionnaire du nouveau Cabourg jusqu’en 1867.


L'influence de l'écrivain est primordiale pour le lancement et le succès de la nouvelle station balnéaire. Son carnet d’adresses compte toutes les célébrités du théâtre, de la musique, de la presse, qui viendront les unes après les autres à la découverte de ce lieu enchanteur.
Ces visiteurs sont les premiers acquéreurs de terrains et constructeurs de villas. La présence des gens de théâtre et du monde des arts en général, est si forte que l’on pourra lire dans le Journal des frères Goncourt, cette réflexion : « Cabourg, un endroit singulier, un bain de mer fait par et pour des gens de théâtre. »


A qui doit-on ce plan d’urbanisme aussi original ? Deux noms reviennent régulièrement : celui de l’architecte parisien Charles Duval (1808-1876) car dans l'aménagement du parc de Maisons-Laffitte, il mit en œuvre un plan en éventail (ou radioconcentrique). A-t-il alors transposé ce plan à Cabourg à la demande des promoteurs sûrement familiers des lieux ? Le nom de l’architecte de Caen, Paul Leroux, est également avancé.


Mais pourquoi voir choisi de dessiner un plan de la ville en éventail ? Jean-Pierre Henriet, ancien maire de Cabourg et grand spécialiste de la cité des romantiques et de Marcel Proust, émet deux hypothèses. « La plus vraisemblable : les architectes ayant pour clients, dans cette opération, des personnes appartenant essentiellement au monde du spectacle, décidèrent de leur faire plaisir en leur proposant une ville en forme de théâtre antique avec des avenues (qui symboliseraient les escaliers du théâtre) convergeant vers un point central, le casino (qui symboliserait la scène) » explique-t-il. « La seconde hypothèse est qu’ils connaissaient un certain Claude-Nicolas Ledoux, architecte de la Saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs), elle-même en forme de demi-cercle, réalisée juste avant la Révolution.


Or, Ledoux avait construit aussi le château de Bénouville, distant d’une dizaine de kilomètres de Caen et de Cabourg. Les deux architectes connaissaient forcément l’homme et ses réalisations. Cabourg a-t-elle été inspirée par le plan très original de la saline d’Arc-et-Senans ? »

Ce plan place alors au centre, le casino vers lequel convergent 13 avenues principales et 11 avenues secondaires. Ces 24 avenues sont elles-même coupées par 4 avenues circulaires qui aboutissent sur la plage. 



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