Des lunettes de soleil en coquillages
TROUVILLE-SUR-MER. Des montures de lunettes de soleil fabriquées à partir de coquilles Saint-Jacques récupérées auprès de restaurateurs, de poissonniers et de pêcheurs de la ville, c’est le défi que s’est lancé voilà quelques années, la société Friendly Frenchy installée en Île-de-France. "Nous voulions créer une matière innovante zéro pétrole dédiée à la lunetterie et valorisant des déchets alimentaires du littoral, pour développer un accessoire du bord de mer utile, valorisant les savoir-faire français et défendant l’économie circulaire", soulignent Sandrine Guyot et Laurent Pezé, les créateurs de la marque éco-responsable.
Si à Trouville, les coquilles Saint-Jacques ont été ciblées -et pour cause le port en produit chaque année des centaines de tonnes- ailleurs sur le littoral français, comme au Cap Ferret, à l’étang de Thau, à Cancale ou dans la baie de Mont-Saint-Michel, ce sont des coquilles d’huîtres et de moules qui sont utilisées.
Après 2 ans de recherche et développement, la création et la mise au point de la matière, la sélection des partenaires comme la municipalité de Trouville qui s’engage à fournir les coquilles, la fabrication des prototypes et 35 jours de financement participatif sur la plateforme Ulule qui a permis un apport d’environ 15 000 €, la production de la première collection de lunettes de soleil en coquillages (Shellsunglasses®) a pu être lancée, déclinée en 3 modèles (écume et vague), 18 coloris et 3 types de verres (mode, sport ou polarisés).
"Notre travail de recherche consistait à utiliser des co-produits marins très peu valorisés et renouvelables », expliquent les dirigeants Friendly Frenchy. « Il en résulte une matière 100% biosourcée réalisée avec des coquilles de Saint-Jacques, d’huîtres et de moules réduites en poudre, puis mélangées à de l’huile végétale".
Cette matière a été élaborée dans un laboratoire spécialisé dans les bioplastiques, basé près de Caen, tandis que les verres, résistants et recyclables, sont fabriqués dans le Jura. « Que ce soit pour les lunettes avec des moules, des huîtres ou des Saint-Jacques, le bio-plastique laisse entrevoir la nuance de chaque coquillage », précise Laurent Pezé. Et ces lunettes innovantes sont 30% plus légères que des lunettes de soleil classiques. Quant au packaging, il est en carton recyclable revisité par le duo d’artistes nantais The Feebles. La pochette est réalisée en feutrine dans des ateliers français, tandis que la lingette en microfibre est illustrée par l'artiste bretonne Anne Rouat.
A Trouville, les premières paires de lunettes de soleil fabriquées à partir de coquilles Saint-Jacques ont fait leur apparition en octobre 2018, à l’occasion du 10è anniversaire de
La Trouvillaise, la course féminine du bord de mer. Deux modèles en série limitée sont disponibles à l’Office de Tourisme, ainsi qu’au Musée de Trouville. Les lunettes sont également vendues en ligne ou chez des opticiens indépendants, à des prix allant de 80 € à 250 €.