Le maquereau fait le renommée de Trouville
PÊCHÉ DE FAÇON artisanale dans une zone délimitée entre Honfleur et la pointe Est du Cotentin, face aux côtes du Calvados, le maquereau a fait la renommée de Trouville-sur-mer. Avec environ 55% des 3600 tonnes annuelles débarquées en Normandie, Trouville est le premier port normand pour la débarque du maquereau. Une activité qui occupe une vingtaine de chalutiers de la flottille trouvillaise.
« C’est une pêche saisonnière qui s’étale principalement d’avril à octobre, période où cette espèce migratrice est présente au voisinage de nos côtes » explique Daniel Harache, président du syndicat des pêcheurs de Trouville-sur-mer. Le reste de l’année, les petits chalutiers trouvillais, très polyvalents comme tous les navires côtiers normands, se consacrent à d’autres activités. C’est de tradition, à Trouville comme à Honfleur, l’été on pêche le maquereau, la sole et autres poissons plats. L’hiver, c’est la coquille Saint-Jacques.
S’il s’avère ferme et d’une grande vivacité, ce poisson côtier reste néanmoins très fragile et nécessite une « cueillette » soigneuse apte à en préserver toutes les qualités. Le maquereau vivant jusqu’à 250 mètres de profondeur, la technique employée est celle du chalut pélagique, tracté entre la surface et le fond. Cet outil est particulièrement bien adapté à la capture de poissons vivants en bancs concentrés et relativement homogènes, comme les maquereaux.
Le travail des pêcheurs commence généralement dès le lever du jour et se poursuit jusqu’en milieu d’après-midi. Les navires effectuent donc des marées de moins de 24 heures et parfois même de moins de 12 heures ! « Chaque trait de chalut n’excède pas 2 heures -généralement beaucoup moins- pour ne pas abîmer le poisson ».
Mais le maquereau est aussi, plus rarement pêché à la ligne, notamment « à la traîne ». Les lignes utilisées comportent une dizaine d’hameçons et sont appelées des mitraillettes.
Conservé à bord des chalutiers, le plus souvent en caisses de 6 kilos ou en petits bacs de 10 à 12 kilos maximum pour éviter d’écraser les chairs, il est débarqué l’après-midi même. On peut donc s’en procurer sur les quais de Trouville et de Honfleur quelques heures à peine après qu’il soit sorti de l’eau. Le reste est commercialisé au plus tard le lendemain ou expédié le soir même vers les autres régions françaises par le mareyage local. « C’est vraiment de l’ultra-frais !» Rien à voir avec les maquereaux pêchés de manière plus ou moins industrielle par de gros chalutiers : « le maquereau est un poisson qui ne supporte pas la médiocrité ».
Le maquereau de Trouville jouit d’une belle réputation qu’il doit au soin apporté par les équipages et les patrons-pêcheurs dans le travail du poisson. Un savoir-faire si particulier qu’il a été formalisé dans la charte qualité élaborée par Normandie Fraîcheur Mer, le groupement Qualité des marins-pêcheurs, criées et mareyeurs de l’ex Basse-Normandie, véritable garantie de qualité supérieure pour les consommateurs.
Commercialisé entier frais, en filet (frais ou congelé), en filet fumé (à chaud), il est très connu dans sa version « boîte de conserve », présenté dans une marinade au vin blanc. C’est peut-être en raison de cette image peu valorisante qu’il n’est pas, malgré ses qualités gustatives indéniables, considéré comme un poisson « noble » et qu’on le trouve rarement à la table des restaurants. Pourtant, sa chair savoureuse se prête bien volontiers à mille recettes, plus ou moins élaborées : au four, entier ou en papillote, farci, à la provençale, à la sauce moutarde... ou pourquoi pas cru, en sushis. On peut le consommer tout au long de l’année, mais il ne faut surtout pas manquer la période estivale, propice aux barbecues, qui est aussi celle de sa saison de pêche : il est vraiment délicieux grillé, tout simplement avec quelques herbes, un peu de citron, de la moutarde et un trait d’huile d’olive. Comptez une dizaine de minutes de cuisson, et c’est prêt ! Ce poisson goûteux se prête également à la préparation d’excellentes rillettes.
« Savoureux, peu onéreux, facile à cuisiner, c’est vraiment un poisson populaire », précise Daniel Harache, le président du syndicat des pêcheurs de Trouville. C’est aussi un symbole de convivialité, comme en témoigne la Fête du Maquereau, qui a lieu chaque année à Trouville fin juillet, en ouverture de la Fête de la Mer. Dans le chapiteau monté sur la plage, ce sont 500 à 600 personnes qui se pressent pour déguster la pêche du jour, grillée au barbecue. Une belle occasion de manger local et de saison !
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